La hausse du coût des matières premières contraint les boulangers à revoir le prix de leurs produits. Bientôt, le pain sera vendu à 1,50 €.
L’inflation se répercute dans nos assiettes. C’était une question de temps avant qu’elle n’influe autant sur le produit le plus consommé en France : le pain. Il y a quelques mois, le prix de celui-ci avait déjà augmenté. Mais il peut vite atteindre 1,50 €. Le coût des matières premières et de l’énergie atteint des seuils record. Inévitablement, les boulangeries doivent revoir le prix de leurs marchandises. Explications.
Le prix du pain suit l’inflation des matières premières
Quelques boulangeries vendent déjà la baguette de tradition à 1,50 euro. Ce chiffre représente 8,2 % du coût de cette denrée, en une année. Pourtant, l’Eurostat affirme que cette augmentation est la moins élevée en Europe. L’Espagne observe une hausse de 15,2 %, tandis que l’Allemagne en constate 17,5 %.
Les boulangeries ne suivront pas forcément les mêmes prix. En revanche, les clients devront compter quelques centimes de plus, la prochaine fois qu’ils achèteront du pain.
Les boulangers ne peuvent plus maintenir les prix d’avant. Ils doivent considérer l’augmentation du coût des matières premières : le beurre, la farine, les œufs, le sucre, etc.
« Vendredi matin, on m’a facturé le beurre 9,25 euros, le kilo. C’est du beurre Charentes Poitou, un très bon beurre. Demain matin, il est à plus de 11 euros 60. Pour moi, c’est 10.000 euros sur l’année. Dans la logique, je suis censé dès demain le répercuter sur les croissants. C’est-à-dire que logiquement, le croissant demain matin devrait prendre 30 centimes, » affirme Frédéric Roy, boulanger à Nice.
Après le pain, les sandwichs et les viennoiseries seront plus chers.
L’explosion du prix de l’énergie est à craindre
Les boulangers doivent aussi affronter la montée vertigineuse du prix des matières premières. Ils ne peuvent pas faire autrement. Les fours qu’ils utilisent pour fabriquer du pain, fonctionnent à l’électricité ou au gaz. Les petites boulangeries pourront mieux encaisser. Toutefois, la situation sera plus compliquée pour les grandes enseignes.
Selon le Président de la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française (CNBPF) Dominique Anract, « le problème, c’est clairement l’énergie. » Ce dernier est choqué, après avoir regardé l’échéancier d’un boulanger.
« Cela passe de 3 000 € d’électricité par mois à 9 000 ! Ce n’est pas tenable. On y ajoute aussi l’augmentation des salaires, c’est clairement le coup de massue, » s’indigne-t-il.
Malgré le bouclier tarifaire à venir, les boulangers recevront de plein fouet, une augmentation de 15 % du prix de l’énergie. Il est donc logique que le prix des produits en boulangerie suive aussi le cours de l’inflation.
« En imaginant le pire, avec des factures multipliées par 10, il peut y avoir 20 à 30 % d’augmentation, pas seulement de la baguette, mais sur tous les produits, sinon les entreprises ne passeront pas. Cela ne passera pas au même prix donc on est vraiment très inquiets », s’inquiète Dominique Anract, au micro de RMC.
Les boulangers n’ont pas le choix face à l’inflation
Le gouvernement a promis un bouclier tarifaire en 2023, pour les entreprises dont l’effectif ne dépasse pas 10 salariés. Toutefois, cette mesure pourrait ne pas suffire. Les boulangers se préparent au pire.
D’après Dominique Anract, « le boulanger qui n’augmentera pas sa baguette, il fermera ». Mais dans la conjoncture économique actuelle, il affirme que « les consommateurs comprendront. »
À cause de l’inflation, le prix de la baguette de pain et des viennoiseries devra augmenter. Les boulangeries ne peuvent plus amortir l’augmentation du coût de l’énergie et des matières premières.
« On est donc obligé de répercuter cette hausse quelque part », avoue la présidente de la Fédération des boulangers mayennais, Sandrine Ribot.
Elle a ajouté :
« On ne le fait pas de gaieté de cœur, ce n’est pas pour se faire du blé, comme on dit. Si on augmente, c’est pour garder nos emplois et nos boulangeries dans nos communes qui perdent leurs commerces un à un. »
Sandrine Ribot comprend que cette initiative risque de fâcher les consommateurs. Mais elle insiste que son métier en dépend.
« Si on veut continuer de travailler et d’employer du personne, on n’a pas le choix. Donc l’idée, c’est d’augmenter son pain, mais de garder son travail, » insiste-t-elle.
Pourtant, il ne faudrait pas que le client se décourage et achète moins.
« C’est le chat qui se mord la queue. Si on vend moins de pain, on a moins d’argent et si on a moins d’argent, on va avoir moins de salariés et en fait à la fin on n’a plus d’affaire, » se soucie-t-elle.